Le stress professionnel, le harcèlement moral, sexuel, stratégique voir institutionnel, la dépression professionnelle, le burn-out, la mort subite au travail, le suicide, sont des termes bien sombres qui décrivent une réalité du paysage organisationnel d’aujourd’hui. Il en est pour exemple les quatre suicides sur un même site de l’entreprise Renault en l’espace de quelques mois seulement. Des suicides également chez IBM, Peugeot et EDF pour les cas les plus médiatisés. Une enseignante qui s’est pendue dans son gymnase. Des agents qui se jettent devant des TGV…
Perte de sens ? Perte d’identité ? Perte de tout repère ? Des vies qui basculent ?
Des corps marqués par la souffrance : perte de poids, affaiblissement musculaire, maux de tête, problèmes respiratoires divers, ulcères à l’estomac, accidents cardio-vasculaires, ruptures d’anévrisme, troubles musculo-squelettiques (TMS), … . Des manifestations de la souffrance psychique qui marquent le corps parfois à jamais . Des arrêts maladie qui se multiplient, des taux d’absentéisme qui atteignent jusqu’à 30% au sein d’un même service. Des femmes qui neutralisent leur identité sexuelle : aménorrhée, cancer du col ou du sein.
Les histoires sont multiples mais elles ont toutes un point commun : elles expriment la souffrance. Certains parviennent à trouver d’autres solutions, à changer d’organisation ou de métier avant qu’il ne soit trop tard. D’autres, accumulent une telle souffrance que l’idée du suicide surgit comme seule délivrance possible : l’unique espérance devient alors la mort. La mort comme seule issue pour que « ça s’arrête ».
« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » (Pezé, 2008).
Une visite dans les Centres d’Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH), dans les consultations de souffrance au travail, auprès des cellules d’écoute, permet de se relier au réel, au cauchemar auxquels les professionnels de la santé au travail sont confrontés quotidiennement : confronté à des êtres humains traumatisés, morcelés, désubjectivés. Ces êtres au regard vide, sidéré, hagard, ces êtres sur lesquels on peut sentir de manière quasi palpable la masse d’excitations déclenchées par le trauma, démolissant tout sur son passage : l’anticipation, le raisonnement logique, l’expression des affects, les modes de défense habituels. « La pensée est défaite, la peau psychique aussi trouée que la peau organique » (Pezé, 2008). Ces professionnels qui parfois sombrent eux aussi dans la décompensation face à ce mal être qui n’épargne personne : pas de différence selon le genre, le statut ou le secteur d’activité.
Qui êtes-vous ?
- Lisa Bellinghausen
- Psychologue du travail Domaines d'expertise : émotions, compétences émotionnelles et stress professionnel Chercheuse au Laboratoire Psychologie et Neurosciences cognitives (Paris V) & Consultante en Santé Mentale à l'IFAS
vendredi 24 juillet 2009
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